34 ans CICIBA

L’INTÉGRAL DES DISCOURS DE CIRCONSTANCE

Allocution du Directeur Général du CICIBA

 

Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat

Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement

Excellence Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie numérique, de la Communication, de la Culture et des Arts et PCA du CICIBA

Vénérables Sénateurs

Honorables Députés,

Leurs Majestés les rois et chefs traditionnels

Mesdames et Messieurs

Distingués invités

Il y a deux jours, le 8 janvier 2017, le monde bantu s’est souvenu d’un fait historique : la création du Centre International des Civilisations Bantu, CICIBA en sigle. Création qui fut, en son temps, un rite de fondation majeure initié par notre vénéré Père-fondateur El Hadj Omar Bongo Ondimba, un visionnaire lucide et conscient des enjeux culturels de son époque.

Il est toujours exaltant pour sa descendance que nous sommes, chaque fois nous évoquons ce prestigieux nom, de célébrer cet homme exceptionnel qui appartient désormais à l’histoire du monde. Un homme dont les hauts faits font partie de la geste communautaire de notre espace culturel. Car c’est bien lui, sous la cape de visionnaire inspiré, qui fut à l’origine de ce rite.

Il s’agit là d’un « rite de fondation » à partir duquel le Muntu prit rendez-vous avec lui-même et avec l’histoire pour mieux s’auto-définir afin de se projeter vers son futur, nanti de ses multiples et légitimes identités, instruit en cela par ses propres histoires des migrations et de son expansion. Ce qui, au bout de cette longue chaîne gestationnelle, lui permet aujourd’hui, dans l’étendue de toute sa diaspora, d’affirmer avec fierté et dignité son identité bantu.

Sans attendre je voudrais dire ici toute ma joie, celle de prendre la parole devant cette auguste assistance venue de tous les horizons partagée avec nous cette heureuse commémoration. De manière particulière, qu’il me soit permis de rendre un vibrant hommage à Son Excellence Ali Bongo Ondimba, non seulement pour son engagement inébranlable comme continuateur de cette œuvre de génie, mais surtout pour son soutien et sa haute détermination dans la relance des activités de notre Centre.

Excellence Monsieur le Président de la République, votre présence parmi nous est un motif de fierté, de joie et d’encouragement en tant qu’elle permet d’assurer au CICIBA un nouveau rayonnement, un nouveau départ, un nouvel avenir, sinon sa montée en puissance parmi la grande famille des institutions scientifiques et culturelles de notre continent, réunies au sein du Sommet des Institutions Culturelles Africaines et de la Diaspora (en sigle SICADIA).

Il est heureux de constater qu’à peine revenu au-devant de la scène, le CICIBA occupe, déjà, une place de choix sur cette nouvelle plateforme de coopération interinstitutionnelle qui vient d’être créée à Maputo, au Mozambique, avec la bénédiction du l’UNION AFRICAINE en faveur des Structures à vocation culturelle et scientifique les plus viables du continent.

Dans le même élan, qu’il me soit permis d’adresser humblement la même aux membres des différentes institutions constitutionnelles et des corps constitués du Gabon. Au nombre desquels le Gouvernement de la République Gabonaise, avec sa tête Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, les honorables et vénérables membres de l’Assemblée Nationale, du Sénat ; l’Assemblé Nationale ; la Cour constitutionnelle, le Conseil Economique et Social…

En cette circonstance, je voudrais avec déférence saluer la présence des autorités de la chefferie traditionnelle, elles qui connaissent à sa profonde racine ce qu’est l’identité bantu. Le CICIBA leur souhaite la bienvenue. Du reste, c’est en langues du terroir bantu du Gabon qu’il me semble encore plus séant de l’exprimer comme suit :

«Levele we » en teke, « Akewa »  en myène, «Akiba» en fang, « Diboti » en punu… On peut continuer ainsi, mais ma faible connaissance de ces langues m’oblige aujourd’hui à m’arrêter là.

C’est dire toute l’importante que le Gabon, dans sa pluralité mosaïque, accorde à cet impérissable héritage du Président Omar BONGO ONDIMBA, qu’est le CICIBA.

Le CICIBA s’honore également de la solidarité exemplaire que lui témoignent par leur présence en ce lieu des organisations internationales partenaires comme : l’Union Africaine, l’UNOCA, la CEEAC, l’UNESCO, le CERDOTOLA, l’OCPA, le SICADIA,  le PNUD, etc.

Quel l’UOB et son excellent recteur, le professeur Marc-Louis Ropivia, le Musée National des traditions du Gabon daignent accepter la conviviale accolade du CICIBA comme signe de notre attachement aux valeurs que nous avons en partage autour du CICIBA.

A  vous tous, merci pour cette chaîne de solidarité dont vous avez fait montre 34 ans durant autour du CICIBA.

Aujourd’hui encore, je sais combien sont contraignants les pesanteurs et le niveau d’engorgement de vos agendas respectifs. Et vous êtes là. Le fait d’avoir sacrifié l’une ou l’autre de vos obligations en ce début d’année pour rehausser de votre présence cette cérémonie et, au-delà, soutenir la relance de ses activités, nous oblige.

M’adressant à présent aux Représentants des pays membres du CICIBA, aux Membres du corps diplomatique ainsi qu’aux représentants des organisations internationales partenaires, il me tient à cœur de leur dire à leur tour « merci », avec la même emphase.

Profonde est la joie qui anime le CICIBA de constater que tous les pays membres du Centre sont là. Ils sont là prêts à reprendre le combat, là où il s’était arrêté. C’est avec un bonheur renouvelé que nous saluons la présence au sein du CICIBA de l’Angola, du Burundi, du Cameroun, du Congo-Brazzaville, de RD Congo, de la Centrafrique, de l’Union des Comores, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, du Rwanda, de São-Tome et Principe et de la Zambie.

Quant au personnel si dévoué du CICIBA, dussé-je énerver leur modestie et leur anonymat, je leur dit également merci pour leur détermination et leur inébranlable patience.

Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat

Honorables, Vénérables, Excellences

Mesdames et Messieurs

Voici donc arrivé le moment de dire un mot sur le CICIBA. Créée le 8 janvier 1983, à Libreville, le CICIBA fut conçue comme une communauté de destin et de culture bantu capable de témoigner de son génie propre et d’affirmer sa fierté et sa dignité à l’aune de ses propres valeurs de civilisation.

Pour ce faire, cette communauté de destin se devait de réhabiliter son rapport aux autres en ayant conscience, avant tout, des défis découlant des injustices et de toutes les négations dont l’Afrique fut victime par le passé. Au nombre desquels : la traite négrière, le dépècement de l’Afrique à Berlin en 1885, toute la vague des colonisations, les déracinements successifs de ses édifices culturels, et j’en passe.

Cette prise de conscience a été mieux exprimée par le Président Omar Bongo Ondimba lui-même dès le premier jet de sa pensée fondatrice en ces termes : je cite : « L’être humain, où qu’il soit et quel qu’il soit, se conquiert lui-même, dès lors qu’il refuse de renoncer à sa personnalité propre ». Fin de citation.

Il fallait donc, impérativement, revoir cette page de l’histoire de notre continent, en vue de réécrire cette histoire-là, si malmenée, si traumatisée, de manière à donner aux peuples africains une conscience décomplexée de leur identité culturelle, le sens de leur indépendance politique et spirituelle. Prélude à toute forme d’organisation d’une unité communautaire solidaire.

Dès 1983, forts de tels enjeux, les Chefs d’Etat de l’aire culturelle bantu, autour du président Omar Bongo Ondimba, se sont engagés à cristalliser, loin de tout passéisme inhibiteur, les valeurs authentiques des peuples bantu, leur identité culturelle et leur illustration sous forme de programmes de recherche et d’activités publique à travers des coopérations bilatérales et multilatérales dans les domaines de l’information, de la documentation, de la promotion et de la diffusion culturelle.

Ce à quoi, le CICIBA dut s’employer avec tant de détermination, bénéficiant dans ses premiers pas du concours des organisations internationales comme l’OUA, l’ACCT, le PNUD. Puis, au fil de sa progression, l’ISESCO pour le programme islamo-bantu, la Société Africaine de Culture (SAC), le CERDOTOLA (dont je salue fraternellement la présence de son dynamique Secrétaire Exécutif, le Professeur Charles Binam Bikoï qui vient droit du Cameroun pour nous), le LUTO, la CERAFIA, le CENARES, le CODESTRIA, le FESPAM…. Bien entendu, cette liste de partenaires du CICIBA n’est pas exhaustive.

Multipliant initiatives et partenaires au fil des ans tout en gagnant en maturité, le CICIBA en est venu à s’offrir une bonne visibilité au travers de certaines de ses activités-phares qui, depuis, ont fait sa renommée à travers le monde. Parmi tant d’autres réalisations éminentes nous pouvons citer :

  • la Biennale de l’art contemporain bantu déclinée en 8 éditions ;
  • la production d’une série de magazines scientifiques portant sur les différents champs de recherche développés par le CICIBA, dont le célèbre magazine Muntu fondé et brillamment dirigé par le professeur Théophile Obenga;
  • l’organisation des Colloques et symposiums internationaux dont les Actes finaux, autant recherchés que réclamés, véhiculent aujourd’hui la meilleure production de la recherche du CICIBA ;
  • l’élection Miss Bantu ;
  • des fouilles archéologiques inédites en zones bantu, qui ont fini par inspirer l’éclatement du travail d’archéologie en micro stations dans la zone bantu ;
  • la recherche en pharmacopée bantu ;
  • la constitution d’une banque de données unique et inédite sur l’identité bantu ;
  • l’édition des livres scientifiques à l’aune des normes universelles, etc.

Excellence Monsieur le président de la République, Chef de l’Etat

Mesdames et Messieurs

Tout cela, le CICIBA l’a réalisé avec un parfait professionnalisme jusqu’au jour où, frappé par une crise fonctionnelle interne au milieu des années 2000, cette dynamique a été brisée. Conscient de la gravité de cette situation, ayant pris toute la mesure de la situation, nos instances ont exigé une profonde restructuration du Centre, qui est en cours sous le mandat de la RDC, assumé depuis fin 2014 en accord par le président Joseph Kabila Kabange.

Au-delà du processus en cours de restructuration de notre Centre, il m’importe de signaler qu’à la demande de nos responsables d’instance (PCM et PCA) un programme minimum d’activités scientifiques et culturelles, étalé sur le biennum 2017-2018, intitulé « Nuits bantu » dont les déclinaisons seront rendues publique incessamment, accompagnera l’action du CICIBA parallèlement aux activités à organiser par les Commissions Nations pour le CICIBA selon leurs agendas spécifiques.

Mesdames et Messieurs

En ce moment où le CICIBA s’apprête à prendre possession de son nouveau siège, ma pensée va droit à  tous les PCA Gabonais qui se sont succédé à Libreville, ainsi qu’à mes illustres et distingués prédécesseurs, dont je salue les exploits, chacun selon ses mérites. Je pense ici en l’occurrence à Monsieur Bonaventure Ndong, au Professeur Théophile Obenga, au Professeur Lazard Digombe, au Professeur Vatomene Kukanda, à Madame Marie-Hélène Matey Boo. Je ne puis passer sous silence quelques cas d’intérims spéciaux comme ceux assumés par feu Professeur Lisimba Mukumbula de la Zambie et Madame Anne Marie OKOME du Gabon.

Ils auraient été heureux de partager, s’ils ne le sont, les joies de la prise de « possession canonique » de ce bel édifice, pimpant neuf, avec ses 644m2 de surface habitable intérieure et 76 m2 de surface habitable extérieure, avec son bel ascenseur, ses bureaux climatisés, ses salles de réunions et d’attente assortis de toutes les commodités d’un Siège digne d’une organisation internationale. C’est avec une joie immense que le CICIBA reçoit ce magnifique don du gouvernement Gabonais sous l’impulsion de Son Excellence Ali Bongo Ondimba, à qui le CICIBA dit mille fois merci.

Forte d’un tel atout, sur les traces de mes prédécesseurs, mon équipe et moi nous nous attelons aujourd’hui à poursuivre la mise en valeur de l’héritage protéiforme reçu de ces valeureux prédécesseurs, pour en faire davantage un lieu de célébration de l’être bantu, doublé d’un lieu de l’inventaire de toute la créativité du monde culturel bantu, d’ici et d’ailleurs.

Aujourd’hui, plus que jamais le CICIBA s’engage à revitaliser ses ambitions. A travers les nouvelles orientations proposées par nos soins, il nous tient à cœur  de baliser avec grand zèle la gestion des programmes scientifiques et culturels de notre Centre à l’horizon 2030.

Cette tâche si hardie et exaltante répond nettement, on le voit, à la vision de notre père fondateur Omar Bongo Ondimba, pour qui, pensant comme nous, je cite : « Un Etat, si fortuné soit-il, ne remplit jamais entièrement sa tâche s’il n’ajoute aux réalités matérielles indispensables, la défense, la continuité de la civilisation dont il reçoit l’héritage, telle qu’elle s’est transmise dans la chaîne des âges par les souffrances, les épreuves, l’héroïsme des ancêtres et l’enseignement de la tradition », fin de citation.

Excellence Monsieur le président de la République, Chef de l’Etat

Mesdames et Messieurs

Vu ainsi, nous pouvons aujourd’hui attester que la quête de l’identité bantu, puisque soumise à une épistémologie holiste au CICIBA, ouvre de nouvelles perspectives à notre travail futur pour mieux penser, investiguer, célébrer et partager le savoir et l’être bantu dans toute l’étendue de sa dignité.

Le temps est donc venu où il nous faut produire un savoir, un savoir-être et un faire-savoir instruits, pour mieux dompter notre destinée commune. Cela, de manière à nous présenter au « rendez-vous du donner et du recevoir bantu » en toute assurance et lucidité, libéré de tout complexe, auréolé enfin de notre vraie identité.

Que vive le Gabon!

Que vive les peuples bantu !

Que vive la culture africaine !

Que vive le CICIBA !

Je vous remercie de votre bienveillante attention.

Pr Antoine Manda Tchebwa

Directeur Général du CICIBA

 

 

Allocution du Pr Charles BINAM BIKOI

Monsieur le Premier Ministre, représentant son Excellence Monsieur le président de la République Chef de l’Etat

Monsieur   le   Ministre  d’Etat,  Ministre  de  la  Culture  et  de  la Communication, Président du Conseil d’Administration du CICIBA,

Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,

Excellences, Mesdames et Messieurs les Membres du Corps diplomatique,

Vos Majestés, les Autorités Traditionnelles et Patrimoniales,

Monsieur le Directeur Général du Centre international des

Civilisations Bantu,

Mesdames, Messieurs,

Une joie profonde m’anime au moment de prendre la parole devant l’auguste parterre de personnalités venues relever la cérémonie historique qui nous rassemble ce jour à Libreville.

Qui l’eût cru ?

Revoici le Centre international des Civilisations Bantu ! Debout tel le phénix de la mythologie. Alors même que nombreux sont ceux qui, gagnés par le doute,  avaient entrepris de dresser son oraison funèbre, d’accommoder la dépouille, de fourbir les arguments pour le jugement d’hérédité, prêts à entonner le Requiem funeste de l’ultime office, voici que le monde est réuni pour célébrer une remise en route, un nouveau départ, le renouveau du CICIBA. Une aube nouvelle se lève sur l’Institution, porteuse d’une nouvelle Espérance, pour la République Gabonaise, mais davantage pour l’ensemble des Peuples Bantu, pour l’Afrique et pour l’Humanité.

Sans faire la fine bouche et sans faux semblant, en ma qualité d’Invité spécial, je voudrais, partager la satisfaction qui est la mienne d’avoir à représenter ici trois hautes Instances : le Sommet des Institutions Culturelles d’Afrique et de la Diaspora Africaine — SICADIA, le Bureau du Quatrième Congres Culturel Panafricain de l’Union africaine, enfin le Centre

International de Recherche et de Documentation sur les Traditions et les Langues Africaines — CERDOTOLA.

Au nom de ces Organisations, permettez-moi d’exprimer notre gratitude à Monsieur le Président de la République, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA, pour avoir inspiré ce précieux accomplissement.

Je voudrais ensuite  dire merci au Gouvernement pour la réalisation du projet et l’organisation de l’évènement.

Monsieur le Ministre d’Etat, Président du Conseil d’Administration,

Votre invitation nous honore et nous réconforte. Elle a en outre le mérite de  nous  rappeler  cette  inaltérable vérité  inscrite au fronton de l’antique philosophie africaine dite « philosophie d’Ubuntu. » : « Je suis ce que je suis grâce à  ce que nous sommes tous… »

C’est dans cette philosophie que s’inscrit ma présence ici pour encourager mon frère le Professeur Antoine MANDA TCHEBWA, homme de foi et de fidélité, intellectuel intrépide et serein, constant serviteur de la Cause commune de la Culture africaine. Je suis venu lui confirmer de vive voix l’engagement du CERDOTOLA et du SICADIA en faveur du renforcement de la solidarité agissante entre les institutions scientifiques et culturelles d’Afrique et de la Diaspora africaine, au sein desquelles le CICIBA devra reprendre toute sa place.

Excellence, Monsieur le Premier Ministre représentant Son Excellence Monsieur le Président de la République ,Chef de l’Etat

Mesdames, Messieurs,

Sans doute certains s’interrogent-ils sur l’opportunité de s’attarder ainsi avec insistance sur ce que nous appelons les Institutions Culturelles africaines ? Pourquoi le CICIBA ? Pourquoi le CERDOTOLA ? Pourquoi le SICADIA ? Et pourquoi aujourd’hui ? Alors que, de l’avis des experts dits internationaux (I) …, la seule urgence pour l’Afrique aujourd’hui, ce serait le « développement ».

Permettez-moi de reprendre ici une thèse que je me plais à dérouler depuis quelques années déjà, dans le cadre du Sommet des Institutions Culturelles d’Afrique et de la Diaspora africaine.

La Question du Développement se vide de tout sens quand elle ne se pose pour une Nation, pour un Peuple, pour un pays… qu’en termes d’indicateurs dédiés à l’accumulation matérielle de biens et de services. La Question du Développement est idéologie et spiritualité : elle est Culture.

Au regard de l’histoire la plus récente, je suis bien aise d’affirmer ici que la libération politique toute relative de l’Afrique n’aura pas suffi a libérer l’Homme africain ! L’Afrique est aujourd’hui la proie d’un Colonialisme encore plus insidieux,  plus  pervers, plus pernicieux,  plus dévastateur, forcement plus profond : le Colonialisme de la Division internationale du Travail, le Colonialisme de la course au développement compare, le Colonialisme des Frontières dites « héritées » … si néfaste a l’Intégration des peuples du continent, le Colonialisme de l’Extraversion de la Conscience spirituelle des élites africaines, le Colonialisme des Ethiques douteuses.

Or, on le sait, c’est par sa Culture bafouée, ignorée, méprisée, néanmoins pillée… que l’Afrique pré-coloniale a été dépossédée de son intégrité, de son Identité, de son riche Patrimoine, de son Humanité.

C’est  donc  par  les  armes  miraculeuses de la Culture retrouvée et pleinement revalorisée que l’Afrique retrouvera l’élan  durable nécessaire dont elle a besoin pour assurer tout à la fois sa véritable Libération du joug d’Autrui, consolider les indépendances devenues virtuelles malgré le prix payé pour les arracher, établir les voies de sa soutenabilité, de son endogéneité, de son émergence.

A cette tâche si noble, aucune main ne sera de trop. II faut savoir toutefois qu’il n’existe pas de Culture sans hommes de culture, sans créateurs de culture, sans diffuseurs de culture, sans idéologues de culture, sans opérateurs de culture, point de Culture sans Esprit de Culture.

C’est dire qu’il n’y aura pas de « Culture de Développement et d’Intégration de l’Afrique » en l’absence d’Institutions scientifiques africaines compétitives, décomplexées,  dédiées  à  la  Cause,  dotées  de  ressources  significatives  et substantielles.

Nous en sommes persuadé : un autre Avenir est possible pour l’Afrique !

Il se fera avec les masses critiques de compétences identifiées, fédérées, mobilisées systématiquement autour de l’Idéal. Il se fera avec des Institutions culturelles africaines crédibles et écoutées, des institutions outillées pour extraire l’intelligentsia africaine du défi de l’Autre, pour sortir les hommes et les femmes d’Afrique du « Nous aussi» ambiant …, pour assurer a la Jeunesse africaine de se voir, de se dire et se penser comme telle et telle qu’en elle-même — c’est-à-dire comme une portion incontournable de l’Humanité globale mais diverse, où le «Je pensant » de l’homme africain – voie royale pour que l’Afrique puisse assumer son Destin — aura définitivement pris le pas sur le «Je pensé » pour l’homme Africain.

Car le temps est venu de réinventer des idées a partir d’une connaissance scientifique du Passé – glorieux ou moins glorieux de l’Afrique, le temps est venu de renouveler celles des idées qui se seraient essoufflées à l’épreuve de la Durée, le temps est venu de donner des ailes à l’intelligence africaine.

Oui, voici le temps d’oser : oser penser, oser dire, oser diffuser son label, oser prendre l’initiative et faire dire sur la base de sa différence plongeant ses racines dans les valeurs immémoriales de son être au monde ; définir son Agenda… Ce fut et c’est toujours le rôle des Institutions culturelles patrimoniales partout dans le monde. C’est en quoi ces institutions sont, partout dans le monde, les moteurs du Développement vrai. Partant d’ici, puissent les institutions du continent bénéficier du  soutien  requis pour mieux éclairer la dynamique temporelle de  la globalité clans laquelle les identités culturelles africaines suggèrent   de   nouvelles  modalités  d’expansion  conquérante  susceptibles d’actualiser un potentiel de transformations productives importantes et, à travers elles, la projection de dimensions paradigmatiques favorisant une transformation humaine globale !

Puissent le CICIBA, le CERDOTOLA et d’autres ne pas faire exception a cette règle, a cet enjeu !

Excellence, Monsieur le Premier Ministre représentant Son Excellence Monsieur le Président de la République ,Chef de l’Etat,

En ce jour Vous avez offert au CICIBA les raisons d’une nouvelle espérance en lui attribuant un nouvel espace de vie et de travail au cœur de Libreville.

Ce faisant, Vous venez de renforcer les fondations de ce nouvel élan que les professionnels de la Culture d’Afrique et de la Diaspora appellent de tous leurs vœux depuis longtemps déjà.

Pour sûr, les bases sont posées pour consolider et garantir les chances de l’envol irréversible, à la construction duquel les Hommes de bonne volonté s’attèlent depuis la création du Centre international des Civilisations Bantu.

Soyez-en sincèrement et humblement félicité !

Par ma voix, le CERDOTOLA Vous renouvelle ses vœux de succès dans cette vaste et exaltante Entreprise de reconstruction de l’Esprit dans l’Homme africain à laquelle Vous êtes engagé.

Le CERDOTOLA   compte sur Vous ! Le  SICADIA compte sur Vous ! L’Afrique intelligente salue et appuie Votre leadership. Vous pouvez compter sur les Institutions culturelles d’Afrique et de la Diaspora Africaine.

Je vous remercie de votre bienveillante attention.-

Allocution de Son Excellence , Ministre de l’Économie numérique, de la Communication, de la Culture et des Arts, Porte-parole du Gouvernement et Président du Conseil d’Administration du CICIBA

 

Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,

Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,

Excellences Messieurs les Ambassadeurs et Chefs des Missions représentants les Organisations Internationales,

Monsieur le Directeur Général du CICIBA,

Messieurs les secrétaires et Directeurs Exécutifs du CERDOTOLA et de l’OCPA,

Cher Professeur Théophile OBENGA,

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs

 

Monsieur le Premier Ministre, votre présence, ainsi que celle d’éminentes personnalités ici en ces lieux, traduit assez nettement le renouvellement du bail d’estime et de confiance à l’égard de l’illustre Institution qu’est le CICIBA.

Aujourd’hui, deux événements majeurs sont mis en relief : l’attribution par l’Etat gabonais d’un nouveau siège au CICIBA et la relance de ses activités après plusieurs années d’interruption.

C’est donc un inestimable privilège pour le Ministre de la Culture et des Arts du Gabon que je suis, doublé de ma charge statutaire de Président du Conseil d’Administration du CICIBA, de procéder à un tel rite.

Monsieur le Premier Ministre, nous savons le Président de la République attaché à la vitalité et à la renaissance du CICIBA, lieu par excellence du dialogue interculturel au sein de notre communauté de destin, tout comme l’était son illustre prédécesseur, feu le Président Omar Bongo Ondimba et ses pairs qui ont eu l’heureuse initiative de créer le Centre International des Civilisations Bantu.

« Rechercher les racines bantus, c’est construire notre avenir ; c’est notre capacité à nous approprier notre identité ». Cette parole de feu le Président OMAR BONGO ONDIMBA présida à la fondation du CICIBA, face au besoin de l’univers bantu de se sentir essentiel dans son rapport au monde.

Les civilisations bantus participent aujourd’hui encore d’une recherche des plus exaltées au sein du CICIBA, autant que d’une quotidienneté lancinante.

 

Monsieur le Premier Ministre,

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs

Lors du Colloque international du CICIBA organisé à Libreville en 1985 et portant sur Les Peuples Bantu, Migrations, Expansion et Identité culturelle, le professeur Théophile OBENGA précisait à cette occasion, je cite : « Les civilisations bantu ne sont pas mortes. Elles s’affirment toujours jusque dans les gestes les plus humbles de la vie quotidienne, dans nos brousses et dans nos bourgades et villes… Chaque fois, sans rompre le fil conducteur de leur généalogie, et parfois malgré de longs moments de recul ou de faiblesse, les civilisations qui vivent activement connaissent ainsi des « bonds», des «tournants» historiques, dans leur marche en la coulée des siècles.

Aujourd’hui comme hier, poursuit-il, « la science doit aider les Bantu vivants à retrouver leurs racines communes, leur identité culturelle, leurs valeurs de civilisation. C’est vrai et même convenu : l’identité culturelle est une donnée à partir d’un constat. Cette même identité, c’est aussi la manifestation d’une culture en mouvement, le mouvement même de la vie du peuple concerné. Le patrimoine culturel d’un peuple est dialectiquement héritage et créativité.  La confiance en eux-mêmes que les peuples pourront avoir ne les rendra que plus aptes à la coopération entre les peuples et les nations, au renforcement de la solidarité internationale » fin de citation.

Pour mener à bien une telle entreprise, il est nécessaire de disposer de ressources humaines compétentes, de qualité et plus important encore, d’un siège adapté à ses ambitions. C’est pour répondre à une telle exigence que le Gouvernement de la République par ma voix, a le plaisir d’offrir ce jour au CICIBA un siège confortable, pratique et commode, une adresse physique clairement visible sur la carte des Institutions de recherche scientifique qui comptent dans le monde.

Aussi, le nouveau « visage » du CICIBA est à cette aune-là, un vrai bijou que le Gabon est fier d’offrir au monde bantu.

Voici arrivé le temps de fixer de nouveaux caps, solidaires, audacieux et innovants. C’est un nouveau CICIBA qui prend langue avec l’avenir. Un CICIBA qui a mis à profit sa longue période d’hibernation pour penser un nouveau modèle de sa gouvernance, en se donnant de nouvelles balises, au plan des orientations épistémologiques de ses programmes scientifiques et culturels, ainsi que dans ses rapports avec ses partenaires.

C’est d’ailleurs dans ce sens qu’un Protocole d’Accord de coopération scientifique sera signé au cours de cette cérémonie entre le CICIBA et l’Université Omar Bongo Ondimba d’une part, puis, assez rapidement d’autre part, avec le Musée National des Arts et Traditions du Gabon.

C’est donc le point de départ d’une série d’autres accords du même genre à signer dans les tout prochains jours à l’échelle de tout l’espace culturel bantu avec les autres musées, les universités et centres de recherche d’Afrique, d’Europe, d’Amérique et d’Asie, les opérateurs des divers domaines de la création artistique…

Dorénavant, le CICIBA accordera une place de choix à la diaspora bantu de part le monde. A cet égard, le Programme « Nuits bantus », qu’il lance ce jour en donne déjà les prémices. Le CICIBA recevra bientôt, en conférence à Libreville, des chercheurs de haut niveau du milieu afro-descendant. De même qu’il sillonnera le monde afro-descendant des Amériques pour lui parler de vive voix. Lui parler de ses terres d’origine, l’Afrique matricielle, ainsi que des exploits héroïques de ses ancêtres bantus. Des exploits qu’il conviendra de narrer à la jeunesse de notre espace, si impétueuse et si ouverte aux flux du 3ème millénaire, qu’elle en oublie parfois ses racines profondément bantu.

 

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

 Distingués invités

Nous devons rêver d’une Afrique bantu qui crée et stimule le génie de ses peuples divers.

Nous devons rêver d’une communauté de destin qui n’a aucun complexe pour affirmer sa noble altérité face aux autres.

Nous devons légitimement rêver d’une Afrique bantu qui protège sa diversité culturelle autant que sa biodiversité, elle qui est si riche de ses biotopes si verdoyants.

Il est de bon ton de rêver enfin, d’une Afrique bantu capable de célébrer ses cultures, ses arts et ses traditions, avec la passion de l’âme. Tant il est évident que la culture et l’art en tant qu’attributs identitaires d’une civilisation, sont le lieu tenant de partage d’affinités ontologiques. Et comme le Président de la République, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA, que vous représentez ce matin, aime si souvent à le rappeler, « nous sommes les bantu du 3ème millénaire ».

C’est le lieu pour nous de redire toute la reconnaissance du CICIBA à l’endroit de tous les pays membres, lesquels, à l’appel de Son Excellence Ali Bongo Ondimba, Président de la République Gabonaise, pays du siège du CICIBA, en concertation avec ses homologues Paul Biya du Cameroun, Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de la Guinée Equatoriale et Joseph Kabila KabangUe de la RDC, n’ont pas hésité à renouveler leur foi au magnifique projet CICIBA, en transcendant les dysfonctionnements du passé, le regard tourné vers le futur, vers un renouveau que nous espérons plus glorieux.

Nous saluons tout particulièrement l’Union des Comores qui, pour la première fois, vient de rejoindre le CICIBA en y affectant, depuis bientôt une année, un expert en Anthropologie et archivistique.

 

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Distingués invités

 

Nous souhaitons que demain, ce rêve de refondation se concrétise aussi par l’assainissement des textes organiques de l’Institution et, mutatis mutandis, par la consolidation d’une gestion managériale adaptée aux défis d’aujourd’hui. C’est en cela que nous invitons la Direction du CICIBA à y consacrer sa plus grande énergie, tout en développant des activités de visibilité capables de lui redonner sa meilleure image d’antan. L’usage adapté des TIC devrait nous y aider

Nous restons convaincus que si ce programme est accompli, il donnera l’occasion au CICIBA de réaliser mieux qu’hier les missions qui lui ont été assignées par ses pères fondateurs, notamment :

  • doter le monde bantu d’une Banque de données inédite sur les cultures et civilisations bantu ;

 

  • mener la recherche scientifique la plus exigeante possible et pointue sur tous les peuples de culture bantu, d’Afrique et de la diaspora, de manière à les intégrer dans la dynamique de l’histoire générale de l’Afrique et du monde ;

 

  • mettre en valeur, tout en les promouvant avec une réelle conviction, la production culturelle et artistique la plus représentative de notre communauté de destin.

 

Avec les mânes de nos ancêtres, avec le soutien affirmé des Chefs d’Etat et de Gouvernements de notre espace de civilisation, le plus vaste du continent africain, je n’éprouve aucun doute à affirmer que ce mardi 10 janvier 2017, ici à Libreville, le CICIBA renait et se relance. Nous ne pouvons que lui souhaiter un bel et heureux avenir.

Je vous remercie.

One thought on “34 ans CICIBA

  1. […] la circonstance, trois orateurs se sont succédé  à la tribune : Pr Antoine Manda Tchebwa, Pr Charles Binam Bikoi et le […]

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