« Dans mon esprit, rechercher les racines bantu, c’est construire notre avenir. Au-delà d’une parenthèse de cent ans, ce qui est réellement en jeu, c’est notre capacité à nous réapproprier notre identité. Notre identité n’est pas perdue – comme on voudrait parfois nous le faire croire ― elle demande à être actualisée, pour pouvoir féconder notre croissance et notre développement. La recherche présente au CICIBA est à la base même des connaissances – et j’ajoute des nouvelles connaissances – des générations de bantu qui aujourd’hui encore ignorent plus qu’ils ne savent d’eux-mêmes » (Omar Bongo Ondimba, 1985)
On est là à l’origine d’une flamboyante épopée des hommes dépositaires et vecteurs d’une identité originale enracinée dans le silo d’un legs immémorial. C’est lieu où plus de 250 millions d’âmes se questionnent sans cesse sur eux-mêmes et sur leur destin dans le concert des peuples du monde, d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs. Autour du CICIBA.
L’idée en elle-même de se regrouper sous une bannière mélanoderme commune, la prise de conscience d’une unité culturelle bantu ainsi que la volonté de l’illustrer est une inclination qui remonte aux années 1950.
Il y eut d’abord, bien avant, les mouvements pan-négriste et panafricaniste commencés (de 1900 à 1945) dans les milieux afro-descendants d’Europe et des USA (M. Gurvey, E. Blyden, S. William, W.E.B. Dubois, G. Padmore…), puis sa tropicalisation africaine autour de Nkrumah, Namdé Azikiwe, Nyerere, Kamuzu Panda, Nasser, Lumumba… à Accra. Puis surviennent le mouvement de la négritude (1930), la création de la Société Africaine de Culture (SAC), en 1956, suivie de la dynamique des indépendances, dès la fin de la décennie 1950.
C’est en 1975 que la Conférence régionale de l’UNESCO sur les politiques culturelles en Afrique viendra ouvrir la meilleure perspective à l’Afrique pour lui permettre de célébrer ses identités fondatrices les plus emblématiques. Cela, d’une part, en préservant et promouvant les valeurs culturelles traditionnelles ; et d’autre part, en créant et renforçant la validité et la vitalité des institutions culturelles à vocation régionales et sous-régionales (cf. Plan de Lagos).
Fondée le 15 mars 1982, d’abord comme structure de droit gabonais en tant qu’Association du Centre international des civilisations bantoues destiné à « affirmer la dignité et la fierté de l’Homme noir », sous le sigle CICB, cette institution naissante est reconnue sur la scène mondiale par la recommandation no 70 de la Conférence des politiques culturelles « MONDIACULT », organisée par l’UNESCO à Mexico.
En 1983, à l’initiative du président El Hadj Omar Bongo Ondimba, le CICB change de statut et, modifiant son sigle, devient CICIBA, Centre International des Civilisations Bantu. Il est formellement constitué à Libreville par 23 pays sub-sahariens se revendiquant de culture bantu, avec l’appui de l’OUA, de l’UNESCO, de l’ICA, du PNUD…
En formant cette vaste communauté de destin, le CICIBA a pris l’engagement de regrouper tous les peuples bantu autour de leur humanité et histoire communes, facteur déterminant pour célébrer leur unité, leur fierté et leur dignité, tout à la fois comme Bantu et sujets humains pléniers porteurs des civilisations capables de leur assurer leur pleine identité.
Depuis, développant une franche coopération avec tous ses pays membres, ses multiples partenaires institutionnels et scientifiques, fort de plus de trois décennies d’existence, le CICIBA est devenu l’institution de référence sur les civilisations bantu, en Afrique et dans toute sa diaspora.
Mandat
A cette fin, le CICIBA s’est donné comme mandat :
- fédérer l’Afrique bantu avec toute l’Afrique et le monde, en cela porté par un humanisme convivial.
- consolider la conscience d’une unité communautaire autour d’une identité culturelle bantu au sein de l’ensemble africain ainsi que le souci d’illustrer cette quête. Aspirations qui, entre autres, ont incité l’Afrique bantu, dès 1983, à fonder une plateforme d’affirmation, d’échange et d’expression des valeurs bantu, doublée d’un lieu de création, de formation et d’une banque de données, autour du Centre International des Civilisations Bantu (CICIBA).
A travers le CICIBA, c’est donc « la géopolitique qui devient géoculture, c’est la diaspora bantu qui prend conscience d’elle-même et de sa vraie identité en vue de se tourner vers un nouveau projet de civilisation. » (B. Kossou, 1982)