‘’Sapé’’ jusqu’à son dernier souffle
Il quitte la scène sur scène : le seul endroit où, face au public, il se sentait le plus à l’aise, et où il souhaitait effectuer ce voyage sans retour, à l’image de Myriam Makeba, Dieudonné Kabongo, voire de Molière. La triste nouvelle de la disparition de l’artiste Papa Wemba, tombée tel un couperet, s’est répandue dans les premières lueurs du matin du 24 avril 2016 en une fraction de secondes comme une traînée de poudre plongeant ainsi la communauté musicale, et bien au-delà, dans une profonde consternation. Plus d’une fois, il a été donné pour mort, mais il nous a réapparu toujours prompt à apporter un cinglant démenti à toutes ces rumeurs auxquelles il a fini par s’habituer. Cette fois-ci, il a fallu se rendre à l’évidence. Plus personne ne reverra cette fringante silhouette avec sa mise vestimentaire qui le distinguait si particulièrement. Lui qui a inoculé à toute une génération de jeunes et d’adultes son goût immodéré pour la sape (sa passion) à laquelle il vouait presque un culte. La preuve, il était ‘’sapé’’ jusqu’à son dernier souffle, sur scène. Une image qui a fait le tour du monde…
Notre seule consolation : cette voix, qui n’a pris aucune ride, continuera à résonner dans nos oreilles, à travers la grandiose œuvre musicale qu’il nous a léguée. Ses chansons se voulaient une histoire, une description, une peinture, un tableau, une scène de la vie sociale, etc. C’est dans la résignation que le monde lui voue un incommensurable attachement qu’il a forgé, à la faveur d’innombrables adieux planétaires et hommages unanimes transversaux. Tout bien considéré, c’est une manière d’honorer ce disciple d’Orphée élevé au rang d’icône, au regard de l’immensité de son œuvre ayant traversé le temps et marqué les esprits. Invité à la 9e édition du Festival de musique urbaine d’Anoumabo (Femua) d’Abidjan organisé par Magic System, ce baobab de la musique congolaise, prince de la rumba, artiste inter-générationnel, est tombé l’arme à la main, à l’image d’un véritable combattant, à 66 ans. Plus de quatre décennies sur la brèche, il s’est ingénié à apporter ce qu’il savait mieux faire : bercer presque l’univers entier de ses mélodies qu’on ne se lassera jamais de savourer. Par monts et par vaux, de l’Afrique à l’Australie, en passant par l’Europe, l’Asie et l’Amérique, cette figure éminente bantu, Papa Wemba, fils de la RD Congo, s’est appliqué à étaler triomphalement les pétales de ses talents devenus patents, au fil du temps, sur toutes les scènes où il était appelé à se produire. Porte-étendard de la culture bantu, il a conduit la rumba congolaise bien plus loin qu’on pouvait croire. Le voilà, désormais entré au Panthéon des célèbres disparus auréolé des lauriers qu’on lui a tissés, tout au long de sa trajectoire entrecoupée de plusieurs distinctions dont la dernière en date remonte au 29 décembre 2015 à Kinshasa où il a été admis (au rang de chevalier) dans l’Ordre des héros nationaux Lumumba/Kabila, au-delà de la médaille d’or dont il a été gratifié pour honorer ses hauts faits en musique. Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, alias Ekumany, Kuru Yaka, est passé de vie à trépas avec la certitude que le Congo, qu’il tant aimé et qui le lui a bien rendu, s’en souviendra à jamais.
Dans le livre des condoléances ouvert à l’Ambassade de la République Démocratique du Congo à Libreville, le Directeur Général du CICIBA, le professeur Manda Tchebwa, n’a pas manqué de saluer « l’exceptionnel talent d’un chanteur à la sagesse de hiérophante, porteur de l’espérance de tout un continent en quête d’affirmation, désormais orphelin de son héraut magnifique. Défenseur des sans voix, parangon de la bonne vertu, il s’en va comme il est venu au monde, nanti d’un cœur si généreux, ouvert à un partage équitable d’humanité, et à la fin, auréolé d’une gloire éternelle ».
La population kinoise, avec elle, celle de toute la République littéralement atterrée, s’apprête à lui rendre un vibrant hommage, lors des obsèques nationales qui seront organisées à Kinshasa. Aux côtés de l’ensemble des personnalités de haut rang, des proches du disparu, de la multitude des mélomanes, le Centre international des Civilisations bantu (CICIBA), y prendra part à travers son Directeur Général, le Professeur Antoine Manda Tchebwa.
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