ILABANTU DECERNE LA DISTINCTION DE GRAND MERITE DE LA CULTURE AFRO-BRESILIENNE BANTU, AU NOM DU CICIBA, AU PROFESSEUR ANTOINE MANDA TCHEBWA, DIRECTEUR GENERAL DU CICIBA
La Cérémonie officielle est annoncée pour le 12 Octobre 2017 à São Paulo.
Rien ne permet plus de douter de la revitalisation du CICIBA. Après avoir été revigoré à son siège de Libreville par le Gouvernement Gabonais, et fort de ses derniers exploits (accords de coopération avec la Corée du Sud), voici arrivé le tour du Brésil d’intégrer la dynamique de la relance du CICIBA.
L’invitation de l’Institut de culture afro-brésilienne bantu (ILABANTU), signée de son Coordinateur Général le professeur WALMIR DAMASCENO DOS SANTOS, est tombée cette semaine sur le bureau du Directeur Général du CICIBA.
Postée depuis São Paulo, le courrier de cet institution latino-américaine des traditions bantu, annonce ses couleurs : « Notre institution a décidé de vous attribuer cette récompense pour saluer les efforts de votre institution, sous votre conduite déterminée, pour tant de réalisations qui redonnent fierté et dignité à la communauté bantu à travers le monde. Le CICIBA est pour nous la plateforme partenaire la plus crédible et performante qui, à cet égard, partagent avec ILABANTU la volonté de préserver et de promouvoir les valeurs bantu ainsi que le riche patrimoine culturel qu’il offre au monde, de l’Afrique au Brésil. »
Tel est l’idée de base que postule le laudatio voué à honorer les efforts consentis par le CICIBA dans le cadre de la célébration de l’identité bantu en en zones Afrique et dans le reste du monde.
Bien entendu, c’est du monde bantu qu’il s’agit ici. Un ensemble de communautés mélanodermes qui, partant des brumes des temps préhistoriques jusqu’à nos jours, regroupe près de 500.000 d’hommes et femmes rattachés affectivement à une ascendance commune, dont les experts situent le foyer matriciel autour de 4000-5000 ans.
Il sied de rappeler que les peuples bantu et leurs civilisations occupent aujourd’hui un espace géographique correspondant au tiers du continent africain, des franges soudanaises du Bahr el Ghazal aux roches du Cap, de l’océan Atlantique (à l’ouest) et l’Océan Indien (à l’est).
C’est bien du destin de cette communauté-là que s’occupe le CICIBA dans ses recherches scientifiques autant que dans la célébration de ses trésors. La tâche est immense, exaltante, mais assez osée. Car il s’agit d’y intégrer non seulement une intellection exigeante, mais d’y explorer toutes les parcelles de la connaissance sur le passé et le présent de cette grande communauté qui, du reste est, démographiquement parlant, la plus importante d’Afrique.
Ce travail de l’ordre de l’archéologie mémorielle devrait avoir comme finalité : « hâter la naissance et l’éclosion d’une archéologie bantu de sorte qu’elle soit à terme une archéologie culturelle, vivante, globale ». Jusque dans les extensions ultramarines des civilisations bantu qui ont surgi dans toutes les Amériques autant que dans l’univers culturel islamo-bantu.
Ce travail-là a commencé il y a 34 ans (8 janvier 1983). Depuis le lancement de l’idée de la création du CICIBA par son fondateur, Son Excellence Omar Bongo Ondimba, en compagnie de ses pairs de 23 pays bantu, la recherche sur l’identité bantu a bien avancé. Avec finesse et lucidité, elle a permis de cerner les différentes communautés, les pistes des migrations, des sédentarisations, les noms des lieux et des personnes, les langues, les clans et les ethnies, les systèmes institutionnels, les littératures orales, les arts dans leurs diversités, les symboles idéographiques, les croyances et religions, les mythes, les philosophies. Bref, toutes les questions qui touchent à l’identité culturelle pan-bantu, sa nature, sa spécificité, son contenu, sa dynamique historique, sa portée humaine, voire son actualité.
Des publications de haut niveau ont vu le jour et inondent les cénacles des « sachants » d’Afrique et d’ailleurs. Colloques et symposiums ont permis de fixer les grands principes épistémologiques de la recherche sur les Bantu. Sans oublier la chronologie des grands faits bantu articulée dans la perspective d’un renouveau des études dans ce domaine précis de tant de civilisations originales toujours en mouvement.
Dans tout cela, la diaspora bantu n’a pas été oubliée. Elle est prise en compte dans l’agenda du CICIBA avec le même enthousiasme. Pour mieux fixer les choses, l’on notera que la détermination du CICIBA s’inscrit dans la vision que vient de réactualiser Son Excellence Ali Bongo Ondimba, Président de la République Gabonaise, lequel recevant la délégation des Afro-descendants venus participer à un colloque du CICIBA consacrées aux personnes d’ascendance africaine en mai 2017, a déclaré : « Nous avons des morceaux d’une histoire à recoller. Car le pire des choses, c’est l’effacement de notre histoire. Les autres ont voulu écrire pour nous notre propre histoire. Nous n’allons pas et nous ne pouvons pas les laisser faire. Il y a eu un problème : on a voulu nous inculquer un complexe d’infériorité. On a voulu nous présenter comme un continent en retard. Un continent sans futur. Nous ne sommes pas des êtres sans passé ni futur. Nous avons un futur. Nous serions attardés si nous n’arrivions pas à expliquer par nous-mêmes les causes de ce retard. Nous ne sommes pas un chapitre vide. Nous pouvons corriger l’histoire, notre histoire. Allons-nous continuer à pleurnicher ? Mon propos est de dire qu’il est important de nous servir de ces retrouvailles pour ensemble réécrire l’histoire de ce monde. Ce qui est une manière de dire aux autres que nous existons par nous-mêmes et que nous avons un futur qui reste évidemment à écrire. Le pire des choses, c’est effacer l’histoire. Mon souhait est que chacun de nous, dans son domaine, remplisse les pages et les chapitres qui sont restés vides. Cela a été fait à dessein. Réécrivons notre histoire sans faiblesse, sans honte, sans sentiment d’amertume ni vengeance. Nous aurons honte à ne pas le faire. Maintenant que nous nous sommes réapproprié notre destin, perpétuer le silence serait un grand crime. Il n’y pas une Afrique. Il y a des Afrique qui ont inspiré d’autres continents. Puisse cette rencontre être une flamme qui ne s’éteindra plus. Je vous remercie pour ce déplacement du futur. Ce futur-là doit nous appartenir. »
C’est dire combien, par-delà les temps, le CICIBA reste attaché à toutes les mémoires de ses peuples. Celles d’ici et d’ailleurs.
En cela la date du 12 octobre 2017 revêt toute son importance. Car elle permettra au CICIBA et à ILABANTU de nouer une alliance pérenne autour de nombreux autres projets de recherche et de culture bantu. Pour reprendre les mots du récipiendaire, le Directeur Général du CICIBA : « ce nouveau rendez-vous avec l’histoire contribuera, par le biais de ce partenariat annoncé, à consolider l’unité des peuples bantu d’Afrique et des Amériques, les yeux rivés vers un futur glorieux porté par les souvenirs d’une terre d’origine commune, la mémoire commune et les mêmes ambitions de se projeter ensemble vers un plus-être convivial, commensal et fraternel. »
Il y a plus : dans cette perspective, dans le cadre de ces retrouvailles, les deux institutions envisagent la signature d’un Accord-Cadre de coopération culturelle et scientifique. Acte fondateur d’une synergie que le CICIBA souhaite porteuse d’heureux exploits.
Un seul espoir : que de cette conjonction de volontés et de passions puisse naître une ère nouvelle, prodigue de tous les meilleurs apports et de toutes les pensées novatrices. Tous unis pour une indestructible chaîne d’amitié et de fraternité dans une bantuité de cœur et d’esprit.
Nous y reviendrons.
Bon courage et travail au CICIBA.
Je suis un jeune chercheur passionné par votre travail.