LWAMBO MAKIADI, Dit Franco, Immortalisé au coeur de MATONGE à Kinshasa

Le sacre d’une légende de la culture bantu

Le CICIBA a participé activement à la rédaction d’une partie de la documentation commémorative à Kinshasa

Dans la continuité de l’hommage national dédié à l’Immortel Luambo Makiadi, dit Franco, par le Gouvernement de la République, le temps est maintenant à la concrétisation des promesses résiduelles : le dévoilement d’un monument en sa mémoire et la pose de la première pierre des Grands Studios Franco Luambo. 

En cette année 2015, où le Congo se souvient de ce « baobab » de la musique congolaise et grande figure du monde bantu, le gouvernement congolais a pris sur lui la charge de célébrer le 25ème anniversaire de sa disparition (à l’âge de 51 ans) en lui conférant un caractère particulier. Ce qui devrait être vu comme une marque singulière de reconnaissance que la RDC entend vouer à ce héros du peuple pour tant de bonheur donné à sa nation et au reste du monde.

Entre hommage et immortalité, il y a sûrement consécration d’une légende. Celle d’un homme qui a su, à la force de son poignet et de son esprit, imposer à sa communauté de destin une présence des plus humanistes et unificatrices. Et c’est justement à travers cette présence que se dévoile son humour et son amour pour la beauté de la vie, sa façon de penser le monde et de le partager avec tous ; sa façon de l’imaginer, de l’inventer et le réinventer sous toutes les coutures ; sa façon de le rêver pour soi et pour tous, tout en prenant bien soin de communiquer sa grandeur d’âme à ses auditeurs. Entre la justesse du propos et l’intelligence des mots.

Une telle célébration a le mérite de nous rappeler en quoi un héros du peuple avant d’être homme est avant tout humain. Et que doublé d’un talent d’artiste, il devient tout simplement l’avatar d’un dieu. Faut-il en faire un plus qu’homme ou une divinité ? C’est là qu’il est donné de comprendre le sens de cette litote du professeur ELIKIA M’BOKOLO, pour qui, en raison de certaines circonstances exceptionnelles, il est parfois donné à l’homme de faire ce qui (relevant pourtant d’une prérogative exclusive de Dieu) ne lui est peut-être pas permis, c’est-à-dire : « faire de l’un des nôtres un Immortel ».

Cette célébration en porte bien l’augure. De même, elle porte le plus probant de reconnaissance envers un Immortel en ce qu’elle nous invite, par la même occasion, à travers l’opéra-ballet « Franco de mortel à l’immortel » qui lui sera consacré ce 18 octobre 2015, sous le Chapiteau du Palais du peuple de Kinshasa, à revisiter l’homme et son œuvre. Cela dans une approche dramatique compilant le chant, la danse et la narration, tout en empruntant les venelles les plus caractéristiques de son aventure musicale. Il s’agit de cette aventure quotidienne, parfois picaresque, chargée de moi et de lui, d’elle et de lui, de lui et de moi.

Reste à chacun de continuer à faire allégeance à son art, à le réécouter encore et encore, à interroger son écriture, à longer ses dynamiques endogènes, à goûter aux estimes de sa poétique, à en extraire le suc le plus savoureux, cela de manière à déserter, en bout de piste, les hystéries muettes, voire quelque illusion d’un bonheur octroyé.

Dans une ravissante et éblouissante féérie, revoici Franco, comme vous ne l’aviez jamais connu, cette fois revêtu de toute sa gloire aux portes du panthéon. Ce prestigieux panthéon qui est le seul endroit où n’accèdent que ceux qui auront su mériter de la nation et des faveurs des dieux.

Le voilà donc, le vrai maître de la rumba odemba, ici porté au pinacle de l’estime populaire, partant à l’immortalité. Plus que jamais, lui et sa rumba authentique sont encore capables — de par l’entraînant rythme de la rumba odemba et ses paroles si pleines de racines — de conter et raconter la vie à la sauce épicée Franco, et qui laisse à l’épiderme du monde une fête qui nous dévore entier parce qu’elle est ce par quoi il nous est loisible de tisser notre humanité commune.

Pour sûr, on gagnerait davantage cette année encore à écouter l’homme à travers sa faconde sirupeuse, avec chaque fois les oreilles en éveil, car il est possible d’y entendre, fût-ce avec les oreilles de l’esprit, ce qui fit Franco : le bon vieux troubadour du peuple à la poétique merveilleuse, aujourd’hui passé de mortel à l’immortel.

A cette occasion, le CICIBA a été associée à la rédaction et à la coédition d’un livre et d’une partie de la documentation commémorative. Voir la rubrique : « Les publications scientifiques du CICIBA.

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