La diplomatie bantu en marche

SON EXCELLENCE APPIO CLAUDIO ACQUARONE, AMBASSADEUR DU BRÉSIL AU GABON, REÇOIT LA VISITE DU CICIBA

« Il était du devoir du CICIBA de venir à la rencontre du Brésil. Ce pays frère partage avec les Bantu une longue histoire qui mérite d’être revisité ensemble »

C’est en ce termes que s’est exprimé le professeur Antoine Manda Tchebwa lors de son échange avec son hôte du jour, l’Ambassadeur du Brésil au Gabon, qui a reçu ce jeudi 16 mars 2017, aux coups de 11 heures, une délégation du Centre International des Civilisations Bantu (CICIBA).

Après les civilités mutuelles, le Directeur général du CICIBA a brossé, à l’intention de son interlocuteur, l’historique et les ambitions du CICIBA à la lumière de la vision de ses pères-fondateurs : «Partant du constat que dans l’ordre économique mondial qui s’impose au monde, l’on a tendance à oublier que les valeurs culturelles constituent tout à la fois le principe et la fin de tout développement, les initiateurs du CICIBA, qui plus est fustigeant la colonisation occidentale, elle qui n’a fait que nier l’histoire de l’Afrique, une Afrique artificiellement et arbitrairement morcelée, ses cultures mosaïques, ainsi que l’unité de ses peuples, ont pris le parti de réhabiliter sa mémoire en fondant une plateforme commune de refondation identitaire nommé CICIBA. Il revient donc à l’Afrique, se servant du CICIBA, de se doter des moyens à sa disposition pour intégrer dans ses plans de développement à l’aune de La Stratégie de Moronvia et du Plan d’Action de Lagos

De cette institution ainsi mise en place par 23 pays le 8 janvier 1983, autour du président Omar Bongo Ondimba, a germé, a-t-il poursuivi, l’idée de fédérer tous les pays se revendant de cette ascendance bantu pour qu’ensemble, ils en viennent à assurer la promotion pleine et entière de l’identité commune, à rétablir scientifiquement par le fait même l’unité, pars forcément l’unicité, de ses peules, de manière à les rassembler convivialement et fraternellement au sein d’une communauté de destin, refondatrice d’un vivre-ensemble renouvelé.

Reste que, avant le découpage de Berlin, l’Afrique a dû subir une sorte d’holocauste avant la lettre, la fameuse traite négrière de triste mémoire et ses lancinantes transplantations massives des Africains au-delà des mers et océans. En cette matière, l’histoire afro-brésilienne est marquée par des retombées asses spectaculaires tant au placé culturel que phénotypique, dont on retrouve les empreintes dans l’ensemble du paysage culturel de ce pays continent.

Partageant cette analyse historique, le diplomate brésilien a tenu à préciser, qu’au-delà de la présence afro-descendante au sein de la communauté mosaïque du Brésil, cohabitent également dans son pays, en bonne intelligence, des descendants d’autres communautés européennes, asiatiques, voire amérindiennes, avec tout ce que cela comporte d’échanges culturels internes. Cette promiscuité existentielle a permis l’émergence de grands foyers de recherche scientifique à la base d’une foisonnante littérature consacrée tant à l’histoire des migrations, aux traités d’ethnologie et d’anthropologie structurale, à l’approfondissement des identités créoles qu’à celui des phénomènes de diglossie religieuse, linguistique, etc. Aspects euristiques qui, sûrement, intéresseraient le CICIBA. Au plus haut point.

Comme quoi, « être Brésilien est une école de la diversité », a indiqué Monsieur APPIO CLAUDIO ACQUARONE. Cette « brésilianité », chacun de ses compatriotes la vit au plus profond de lui-même mû par un sens profond de partage des valeurs autour des ascendances identités plurielles.

Partout dans les villes comme dans les campagnes, l’Afrique est encore présente. Des pratiques agricoles, maritimes, médicinales, religieuses, chorégraphiques, musicales… sont éblouissantes. On peut étendre leurs résonnances jusque dans la littérature scientifique, poétique prenant des mémoires en son dans sa puissance lyrique, sans qu’on n’ait à invalider leurs vibrations, sans qu’on n’ait à les détacher de leurs empreintes premières. Elles sont pourtant là, présentes, pourvoyeuses d’émotion et de mémoires pérennes. Véritables rosées de sève… mémorielle.

Le sujet de la condition afro-descendante des Brésiliens, qui s’est invitée dans cette rencontre, a fait également l’objet d’un échange fructueux entre les deux responsables d’institutions. Ce qui, tout de suite, a conduit, séance tenante, le Directeur Général du CICIBA à solliciter, de la part de son hôte, une médiation pour aider le CICIBA a identifier d’une part, une ou plusieurs structures de recherche (université, centre de recherche publics ou privés), et d’autre part, un chercheur de grande qualification dans le domaine de l’histoire et de l’anthropologie afro-brésilienne disposé à prendre part, à Libreville, à la Semaine de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine qu’organise le CICIBA mi-mai 2017. Ce à quoi l’ambassadeur brésilien à favorablement réagi en s’engageant à y faire droit aussitôt qu’il recevrait du CICIBA les termes de référence de ladite activité.

Ce premier moment de rencontre entre le CICIBA et le Brésil, à partir du sol gabonais, a été marqué par quelques poignées de mains conviviales devant les flashs insistants de notre reporter. Preuve qu’une rencontre fraternelle ne peut que générer l’espoir d’autres retrouvailles encore plus conviviales. Ici ou au Brésil. Passons donc vite à l’essentiel.

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